Meusiennes

En France, la notion de races de volailles avec standards, c’est-à-dire des descriptions précises, n’est apparue que vers le milieu du XIXè siècle. Auparavant, des noms de races apparaissent mais il s’agissait souvent de noms de lieux où se tenaient des marchés aux volailles importants. Pour certaines races, on trouve ainsi des traces jusqu’aux XVIè ou XVè siècles.

Voyons quel est l’ordre chronologique d’homologation des races françaises ? À noter qu’il s’est parfois écoulé de nombreuses années entre l’apparition d’une race et l’adoption de son standard. Et que ces standards ont subi des adaptations et modifications au fil du temps : les dernières remontent à 2015.
Parmi les races dont le standard a été établi avant 1900 :
La bourbourg, une race du Nord au plumage blanc herminé noir dont le standard est établi en 1898, très renommée à l’époque pour sa chair, beaucoup plus rare de nos jours ;
La hergnies, autre race du Nord, issue de la Braekel suite à des querelles entre aviculteurs du Nord et de Belgique, dont le standard est adopté aussi en 1898 ;
Le combattant du Nord est apparu à la fin XIXè. Cette race a beaucoup été utilisée pour régénérer les races du nord. À noter aussi que les combats de coqs sont toujours autorisés dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais ;
La poule d’Alsace ou alsacienne dont le premier standard est apparu en 1890. À noter, qu’à cette époque, l’Alsace était allemande. La poule d’Alsace est donc la seule poule française qui est née à l’étranger !

faverolles coupleEntre 1900 et avant la Première Guerre mondiale, on voit apparaitre beaucoup de races : la barbezieux. « On servit entre autres choses un énorme coq vierge de Barbezieux, truffé à tout rompre » déclare Brillat-Savarin (célèbre gastronome français du XVIIIe siècle et du début du XIXe) à propos du menu d’un banquet. C’est dire l’ancienneté de cette race. Le standard est établi en 1907 ;

La bresse, seule volaille française à avoir une AOP (Appellation d’origine protégée), a été homologuée en 1904. Elle est connue pour sa chair excellente ;
La coucou de Rennes est homologuée en 1914. pratiquement disparue après la Seconde Guerre mondiale, elle est de nouveau élevée, de nos jours, en milliers d’exemplaires ;
Le standard de l’Estaires, race du nord, est adopté dès 1903. Cette race est devenue, de nos jours, rare ;
Pour la gasconne, volaille noire du sud, c’est plus compliqué. Un standard fut établi en 1907 par la fédération des aviculteurs du midi et approuvé par le club de la Caussade (que j'appellerai standard n°1) et un autre en 1912 par le Gascogne Club (standard n°2) homologué par la fédération en 1922. On se demande d'ailleurs s'il s'agit de la même volaille, tant les standards sont différents ;
La caussade a été reconnue en 1905, donc avant sa voisine et fort semblable la gasconne ;
La houdan, caractérisée par ses 5 doigts, sa huppe, sa barbe et sa crête en forme de feuilles de chêne, est reconnue dès 1905 et se développe grâce à sa bonne chair mais est rapidement supplantée par la faverolles ;

Marans noire camail cuivre1906 est l’année de reconnaissance de la contres, race du Loir-et-Cher. Elle n’a jamais été très répandue et ses effectifs sont, de nos jours, confidentiels ;
La caumont, race normande caractérisée par sa crête en forme de couronne et sa petite huppe, est homologuée en 1913. La sélection de cette crête spécifique rend son élevage difficile ;
Voisine de la caumont, la crèvecoeur a été reconnue en 1909. Elle est caractérisée par une crête en cornes, une barbe et une huppe ; ainsi que par sa chair excellente ;
Toujours en Normandie, la Pavilly (avec crête simple et petite huppe) est homologuée en 1908 ;
En 1912 est reconnue la Courtes pattes (ouest de la France et également Allemagne). Comme son nom l’indique, elle se caractérise par la faible longueur de ses tarses. Son effectif est faible ;
La gâtinaise, race blanche du centre, est homologuée en 1909 ;

Toujours au centre de la France, mais avec un plumage noir, on connait officiellement la géline de Touraine depuis 1913. Cette race est de nouveau élevée de façon économique actuellement ;
À peu près la même année (1912) pour une race voisine et fort semblable : la poule du Berry, appelée à l’époque noire du Berry ;

Merlerault coqEt puis au début du XXe siècle, d’autres races sont reconnues mais il est difficile de connaitre la date exacte de l’homologation de leur standard.
On peut citer la le merlerault, fort semblable à sa voisine la crèvecoeur, la barbe en moins ; dans les années 1980 on l’avait complètement oubliée, jusqu’à son nom, son standard a été remis au goût du jour en 1984.
Deux races coucou : coucou des Flandres (race franco-belge comme la région des Flandres) et coucou de France qui diffèrent surtout par leur crête, sont reconnues à la même époque. Ces 2 races, surtout la dernière citée, sont rares. Et puis la mantes, apparue à l’ouest de Paris, a vu aussi le jour au début de ce siècle : race au plumage noir caillouté blanc et barbue.

L’entre 2 guerres est l’époque la plus féconde en apparition de races françaises.
L’ardennaise a été reconnue en 1924. Mais pour être honnête, même si les Ardennes sont une région commune à la Belgique et à la France (voire le Luxembourg), cette race est plutôt l’œuvre des aviculteurs belges ; à noter qu’il existe une variante sans queue de cette race ;
Le standard de la bourbonnaise a été rédigé par Louis Mazet, publié dans La Revue Avicole en 1913, a été adopté par le Bourbonnais club le 9 octobre 1919 et approuvé par la Fédération nationale des sociétés d'aviculture de France le 19 avril 1920 : il a fallu probablement attendre la fin des hostilités ;
Race noire qui a toujours été rare, même dans sa région d’origine, la Cotentine a été homologuée en 1925 ;

gaulois coqla flecheIl s’est écoulé 70 ans entre l’apparition du nom de faverolles (en tant que race) et son homologation en 1930. Il faut dire que cette race est issue de nombreux croisements et était considérée comme une race de chair et certains éleveurs ne voyaient pas l’utilité d’un standard. Elle se caractérise par ses 5 doigts et sa barbe ;
Ce sont les aviculteurs du Nord qui ont établi le standard de la Gauloise, notre race nationale, en 1923 ;
C'est un certain Maison qui établit le standard de la gournay vers 1915 et le présenta à la société des aviculteurs normands et au club avicole de la Seine-Inférieure (nom de ce département à l’époque). Une commission fut chargée en 1923 de peaufiner ce standard qui fut adopté en 1924 ;
Le standard actuel a été dressé par le La Flèche club en avril 1921 et homologué par le conseil de la Fédération dans sa séance du 20 juin 1923. Cette race est caractérisée par sa crête en cornes et sa bonne chair ;
Le standard de la Le-Mans est établi à la veille de la Seconde Guerre mondiale en 1938. Cette race réputée autrefois pour sa chair et ses chapons et rare de nos jours ;
La marans s’est progressivement formée à partir de la fin du XIXe siècle, mais son standard n’est admis qu’en 1932. Cette race est universellement connue pour son œuf extra-roux ;
Deux poules noires : la janzé, en Bretagne et la landaise, dans le sud-ouest sont reconnues, respectivement, en 1931 et 1923.

Après la Seconde Guerre mondiale, c’est le déclin pour nos races françaises. Les causes sont multiples : exode rural, arrivée de souches plus productives…. Beaucoup moins de races apparaissent :
Aussitôt après la guerre est reconnu le cou nu du Forez. Comme son nom l’indique, cette race est caractérisée par son cou entièrement déplumé à l’exception d’une touffe de plumes ;

À partir de volailles blanches existant depuis longtemps dans la région, les éleveurs de Saône-et-Loire et environs, ont fait reconnaître la charollaise en 1964 ;
À l’époque de sa création, en 1967, en Vendée, la poule de Challans était appelée noire de Challans à cause du coloris de son plumage ;

De nombreuses races françaises se sont façonnées au fil du temps dans nos campagnes et ont ensuite été sélectionnées par les éleveurs. Pour la lyonnaise, c’est tout le contraire : elle a été créée de toutes pièces, en croisement et reconnue en 1969. Elle est caractérisée par son plumage frisé ;
L’aquitaine, reconnue en 1981 , est une volaille noire issue d’un couvoir industriel. Elle est très rare ;
JanzeLe coq de pêche du Limousin existait depuis des temps immémoriaux dans sa région mais les éleveurs n’ont eu l’idée de faire reconnaître son standard qu’en 1990. Ses plumes sont utilisées pour la fabrication de mouches artificielles pour la pêche (à la truite notamment) ;
La dernière née des races françaises est la meusienne, homologuée en 1987 et issue de la faverolles allemande.

Ci-dessus, il lyonnaises’agit des dates d’apparition des volailles françaises de grande race. Mais il existe aussi des volailles naines françaises. En général, elles sont apparues plus tard car le but des éleveurs autrefois était surtout d’obtenir des races d’utilité dans leur bassecour : chair et ponte. Une exception : la pictave homologuée en 1930, à partir de petites poules naines communes destinées à couver les œufs de faisanes. C’est une naine d’origine c’est-à-dire qui n’a pas son équivalent en grande race. Il existe une autre naine d’origine française : la javanaise. Sa nationalité est contestée par les Allemands. En réalité, elle provient de croisements naturels réalisés au zoo de San-Diego (États-Unis) ; des sujets sont arrivés en Allemagne puis en France et c’est dans notre pays qu’elle a été reconnue comme race en premier en 1998. À noter que la plupart des grandes races françaises possèdent maintenant leur naine, certaines (comme la flèche, houdan, crèvecoeur, marans) ont été créées à l’étranger - certaines souches de marans ont cependant été créées en France. L’ardennaise naine est belge. Mais les autres l’ont été par nos éleveurs, la plupart assez récemment : bourbourg (en cours de création), combattant du Nord (début du XXe siècle ?), poule d’Alsace (1991 pour Mantesla noire – 1992 pour la saumon doré – 2000 pour la bleu liseré – la blanche est en cours de création) , gasconne (1998), caumont (2015), pavilly (2001), courtes pattes (France 2011 - 2015 et Allemagne), gâtinaise (1998), la merlerault (1998), gournay (2003), coucou des Flandres (2012), mantes (2007), cou nu du Forez (2015), lyonnaise (1982), coq de pêche du Limousin (1997) et meusienne (1998).

Voilà donc toutes les dates d’apparition de nos volailles. Il existe 43 races françaises, certaines en plusieurs variétés et en version naine. Donc un vaste choix de formes et coloris susceptible de ravir tous les éleveurs ou futurs éleveurs. Si vous hésitez dans le choix de vos races, optez pour une race française. Car il faudrait que nos races nationales soient encore plus abondantes afin qu’elles ne connaissent plus la situation dans laquelle elles étaient dans les années 1960 – 1970 où elles avaient pratiquement toutes disparu ●


Bibliographie :
   * Les standards officiels, édité par la Fédération Française des Volailles, 2015
   * Races de poules et de coqs de France, Jean-Claude Périquet, éditions France Agricole, 2015
   * La Revue Avicole, édité par la Société centrale d’aviculture de France
   * Site internet : http://volaillepoultry.pagesperso-orange.fr


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Jean-Claude Périquet
2 &3, Hameau de Pierreville
55400 Gincrey
Tél : 03 29 87 15 56 - 06 82 88 81 20
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Texte et photos Jean-Claude Périquet sauf mention contraire

 

 

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