Oxycirrhites typus121On ne les connaissait pas à l'époque de I'aquarium marin traditionnel, les cirrhitidés ont redoré leur blason depuis I'avènement du bac récifal.

Cirrhitichthys oxycephalusUne petite dizaine d'espèces est régulièrement proposée dans Ie commerce, prouvant ainsi que I‘introduction d'un cirrhitidé dans Ie décor corallien est devenue presque automatique.
Ces poissons originaux, piètres nageurs, adoptent un comportement pour Ie moins discret, passant leur journée à surveiller les environs de leur promontoire corallien. Calmes et colorés, il est donc normal qu'ils tiennent une place de choix dans I‘aquarium récifal, maintenant que toutes les conditions nécessaires à une maintenance parfaite peuvent être réunies.

Qui sont-ils ?
Les membres de la famille des cirrhitidés sont communément appelés « poisson-faucons » ou « éperviers ».
En plus de la morphologie typique des perciformes, ces poissons sont caractérisés par des nageoires pectorales épaisses, allongées, servant souvent d'organe sensoriel.
Le nom de la famille vient du nom des ramifications, plus ou moins dures, appelées cirrhes, qui terminent les rayons épineux de la nageoire dorsale.
Ces cirrhes peuvent également être présents sur la membrane interspinale.
Le nombre d'épines est de X et les rayons mous sont compris entre 11 et 17 selon les espèces.
La famille, plutôt bien représentée, est riche de13 genres et de 35 espèces valides de taille comprise entre 7 et 50 cm. Toutefois, les genres disponibles dans le commerce sont assez limités, les plus connus des aquariophiles étant Neocirrhites, Cirrhitichthys et Oxycirrhites, dont le représentant le plus célèbre est bien entendu Oxycirrhites typus.
La presque totalité des espèces proposées ne dépassent pas 20 centimètres.
Les poisson-faucons ont un comportement benthique, et sont souvent observés immobiles sur des branches de coraux. Ils peuvent aussi les escalader grâce à leurs nageoires pectorales dotées de rayons épais et non ramifiés.
Paracirrhites arcatusC'est J.E. Randall en 1963 qui mena la première révision de la famille dont les genres sont :

  • Amblycirrhitus Gill, 1862
  • Cirrhitichthys Bleeker, 1857
  • Cirrhitops Smith ,1951
  • Cirrhitus Lacepède, 1803
  • Cristacirrhitus Randall, 2001
  • Cyprinocirrhites Tanaka, 1917
  • Isocirrhitus Randall, 1963
  • Itycirrhitus Randall, 2001
  • Neocirrhites Castelnau, 1873
  • Notocirrhitus Randall, 2001
  • Oxycirrhites Bleeker, 1857
  • Paracirrhites Bleeker, 1874
  • Pseudocirrhites Mowbray in Breder, 1927

Les cirrhitidés ne possèdent pas de vessie natatoire, raison pour laquelle certains se traînent sur le fond, d'autres se trouvent perchés dans les hauteurs, sur les coraux qu'ils ont gagnés avec la force de leurs nageoires.

Posté comCirrhitichthys falcome un rapace
Les poissons-faucons sont répartis dans les zones est et ouest de l'Atlantique tropical, la mer Rouge, l'Océan Indien et l'Océan Pacifique. Ils sont toutefois beaucoup plus courants dans la région indo-pacifique.
Dans le milieu naturel, la plupart des poissons-faucons fréquentent les récifs coralliens situés en moyenne entre 2 et 40 mètres de profondeur. Vivant en couple ou en structures plus développée de type harem (jusqu'à 7 individus par territoire), ce sont des chasseurs à l'affût qui attendent patiemment le passage d'une proie à portée de nageoires. Le régime alimentaire est principalement constitué de crustacés et de petits poissons pour les proies les plus grosses. En quelques dixièmes de seconde, le poisson fond sur sa victime (d'où le terme de poissons-faucons) et l'engloutit grâce à l'aspiration par la rapide ouverture de sa bouche (un peu comme les ptérois).
Les poissons-faucons se choisissent donc un promontoire bien dégagé sur le récif, généralement au sommet d'une colonie corallienne massive ou dans les branches des colonies ramifiées. Ce comportement est tout à fait observable en aquarium, sauf chez Neocirrhites armatus, qui préfère cultiver sa timidité en se réfugiant au plus profond du décor.
Les cirrhitidés sont hermaphrodites protogynes. Tous les juvéniles sont des femelles susceptibles de changer de sexe le moment venu. Ainsi, l'individu dominant du groupe voit sa taille augmenter et passe au stade de mâle fonctionnel. Dans le cas où celui-ci disparaîtrait, la femelle la plus aguerrie prend sa place. En revanche, mis à part la taille adulte supérieure chez le mâle - critère peu utile à l'aquariophile - il n'existe pas de dimorphisme ou dichromatisme sexuel flagrant.
Beaucoup de cirrhitidés ont des adaptations chromatiques étonnantes. Par exemple, Paracirrhites forsteri possède un nombre incalculable de robes différentes, sans que l'on ait vraiment pu avancer une explication. La possibilité d'apparition de sous-espèces nouvelles est donc très probable.
Paracirrhites arcatus, lui, change d'intensité de couleur selon la profondeur à laquelle il vit. Ce phénomène est une adaptation homochromique, car à -10 mètres, il se tient dans le corail branchu et, en accentuant ses contrastes, passe inaperçu au milieu de la colonie.

Un bac récifal, sinon rien !
L'habitat idéal des poisson-faucons est l'aquarium récital pour plusieurs raisons. En premier lieu, la présence de coraux ramifiés est bien évidemment bénéfique au sentiment de sécurité indispensable au bien-être de ces poissons. En second lieu, la prolifération des copépodes et autres représentants de la microfaune permet un complément nutritif indispensable.
Enfin, ils respectent les invertébrés au point que certaines espèces sont quelquefois intimement liées avec une espèce corallienne. C'est le cas de Neocirrhites armatus qui vit dans les branches de Pocillopora.
Les poissons-faucons étant de petite taille, un volume de 300 litres convient tout à fait. Le décor doit être aménagé de façon à créer des endroits surélevés dominant le reste du bac. Ainsi, les poissons pourront se choisir un poste d'observation adéquat.
L'eau doit être saturée en oxygène, ce qui implique un brassage efficace d'au moins 5 fois le volume du bac par heure. Les paramètres de l'eau sont assez élastiques, puisque, après une acclimatation dans les règles, un poisson-faucon se satisfait parfaitement d'une densité comprise entre 1.022 et 1.025 pour une température située entre 23 et 27 °C.

ATCirrhitops fasciatusTENTION
Les poissons-faucons sont d'excellents sauteurs, en particulier Oxicirrithus typus.Il est donc impératif de les maintenir dans un aquarium pourvu de couvercle. On veillera également à bien boucher les éventuelles possibilités de fuite tels que les passages de tuyaux ou de câbles.

Un chasseur un peu trop efficace
Chasseurs de crustacés par excellence, mais aussi de poissons pour les grandes espèces, les cirrhitidés consomment bon nombre de petites crevettes. En aquarium, ils seront donc principalement nourris de krill.
Les petites crevettes (bouquets) de nos côtes peuvent aider à l'acclimatation d'un individu récalcitrant. Toutefois, le problème de l'appétit se pose rarement chez les cirrhitidés. Les artémias, bien qu'appréciées, ne peuvent pas constituer la base des repas tant il faudrait en distribuer. Les repas seront complétés de chair de poisson, de morceaux de mollusques (moules, coques, etc.). L'acclimatation, généralement, est rapide et les poisson-faucons ne tardent pas à accepter la nourriture congelée. Il faut garder à l'esprit que les cirrhitidés sont des prédateurs par excellence. Tout animal, crustacé ou poisson, de taille à être ingéré est une proie potentielle. Ainsi, la cohabitation avec de petites espèces de crevettes, comme les membres du genre Periclimenes, ou de petits gobies, tels ceux des genres Gobiodon, Gobiosoma, Ctenogobiops sont à exclure.
Le choix des colocataires se réduit encore plus drastiquement lorsque l'on désire acquérir une grosse espèce de cirrhitidé, comme Paracirrhites forsteri ou Paracirrhites hemistictus. Ces poissons sont en effet capables d'engloutir des Stenopus ou des Lysmata pour ne parler que des crevettes, car en ce qui concerne les poissons, un Psendocheilinus ou un Gramma est un repas de premier choix. Avec les autres espèces de poissons, de bonne taille la cohabitation est totalement pacifique.
L'introduction d'un poisson-faucon dans un aquarium ne pose généralement pas de problème si la population est adaptée. Ce sont des poissons robustes qui mangent rapidement la nourriture proposée. On peut cependant faire exception de Neocirrhites armatus qui se révèle un poisson très sensible au stress et donc aux maladies qui en résultent.
Les poissons-faucons étant très territoriaux, on veillera à n'accueillir qu'une seule espèce si l'aquarium est de taille modeste, car quelques bagarres peuvent éclater, aboutissant à une issue impossible à déterminer, incluse entre le partage du territoire et la mort d'un des combattants. En revanche, la cohabitation de plusieurs spécimens de la même espèce est envisageable, et même à encourager, si l'aquarium est adapté (plus de 1500 litres).

Cirrhitops fasciatus2Une reproduction pas encore maîtrisée
La reproduction est hélas inconnue en aquarium, bien que quelques pontes aient été anecdotiquement observées. Il semblerait toutefois qu'elle soit possible puisqu'il n'y a pas d'impossibilité à faire cohabiter plusieurs exemplaires de la même espèce.
Dans le milieu naturel, la parade débute à la nuit tombante. Le mâle inspecte méticuleusement toutes ses femelles pour constater leur disposition à la reproduction. Les femelles prêtes à tenter l'expérience se placent bien en évidence sur leur promontoire pour attirer le mâle. Dès qu'il arrive, les deux partenaires nagent jusqu'à la surface pour frayer.
La ponte effectuée, la femelle se cherche immédiatement un abri pour se remettre de ses émotions. Le mâle, quant à lui, recommence son manège avec une autre prétendante. La ponte étant émise en pleine eau, il est normal que les larves subissent une période pélagique, comme chez de nombreux poissons marins.
Chez les poissons-faucons, cette vie en pleine mer peut durer plusieurs semaines. Lors de la parade nuptiale, les cellules reproductrices sont émises en pleine eau. Le mâle peut alors féconder plusieurs pontes.

Paracirrhites arcatus
Paracirrhites arcatus se distingue de ses congénères par une longitudinale d'un très beau blanc immaculé et par un curieux motif autour de chaque œil. Ce motif typique lui a valu le nom anglais de Poisson-monocle. L'aire de répartition de Paracirrhites arcatus s'étend dans tout l'Indo-Pacifique. On le rencontre en effet depuis les côtes de l'Est de l'Afrique jusqu'à Hawaï, ainsi que du Sud du Japon au Sud de l'Australie, où il fréquente les lagons calmes et les tombants récifaux de 1 à 33 mètres de profondeur.
Le poste d'observation privilégié de ce poisson-faucon est constitué par les ramifications de coraux branchus, en particulier les genres Acropora, Stylophora et Pocillopora. À -10 mètres, Paracirrhites arcatus accentue ses contrastes et passe inaperçu lorsqu'il niche dans les coraux. Prédateur de petits poissons, il faut éviter la cohabitation avec certains gobies qu'il pourrait avaler, comme les espèces du genre Gobiosoma.
De même, les crevettes du genre Alpheus ou Periclimenes devront être écartées afin de ne pas servir de repas. Les grands sujets peuvent occasionnellement engloutir des lysmatas ou autres crevettes de taille respectable.
Dans le milieu naturel, Paracirrhites arcatus se nourrit principalement de crevettes de tout petits poissons, de crabes et d'autres crustacées. En captivité, il faut donc baser son alimentation sur cette nette prédilection envers les crustacés. Donnez alors du krill, des artémias, des mysis, etc. De préférence, ces proies seront vivantes, mais ce poisson-faucon accepte très rapidement les aliments congelés.

Oxycirrhites typus
La robe très attrayante d'Oxycirrhites typus est composée de carreaux rouges sur un fond blanc et ne se rencontre chez aucun autre poisson marin. Les Anglais l'appellent poisson-écossais.
Originaire de l'Indo-Pacifique, Oxycirrhites typus possède une très vaste aire de répartition puisqu'on le rencontre depuis la Mer Rouge jusqu'à Panama. Cependant, il reste rare dans son milieu naturel, il se rencontre donc peu chez les détaillants. Il affectionne particulièrement les récifs coralliens où il trouve ses abris. Il a en effet l'habitude de passer ses journées dans les ramifications des madréporaires branchus, comme par exemple ceux du genre Acropora. On le trouve également dans les gorgones, etc. soumis à un courant puissant.

Oxycirrhites typus est un pensionnaire respectueux des invertébrés et cohabite parfaitement avec tous les poissons couramment rencontrés dans ce type d'aquarium, excepté les exemplaires de moins de 3 cm qui peuvent être goulûment avalés. La présence d'Acropora ou d'autres coraux branchus est bien évidemment un plus pour sa maintenance. Toutefois, même en leur absence, il trouve rapidement un poste d'observation sur les hauteurs du décor desquelles il surveille l'ensemble de la population et attend sa nourriture. Vous pouvez lui offrir du krill, des artémias, des mysis, ou des petits bouquets vivants, etc.

Neocirrhites armatusNeocirrhites armatus
Neocirrhites armatus passe pour le plus beau des poissons-faucons, talonné de près par Oxycirrhites typus, plus courant.
Neocirrhites armatus reste malheureusement un poisson rare, sensible au stress et au manque d'oxygène, et surtout très difficile à acclimater. Il habite une vaste région recouvrant tout l'Ouest de l'océan Pacifique. On le rencontre des îles Ryukyu à Mangareva, du Sud de la grande barrière de corail australienne à la Micronésie. En résumé du Japon jusqu'à l'Australie. Dans cette vaste aire de répartition, Neocirrhites armatus est assez commun. Il vit sur le front du récif et sur les terrasses sous-marines, à environ 10 mètres de profondeur. Neocirrhites armatus apprécie tout particulièrement la sécurité offerte par les ramifications des coraux branchus. Il s'y réfugie instantanemment à la moindre alerte. Il affectionne presque exclusivement Stylophora mordax, Pocillopora elegans, Pocillopora eydouxi, Poecillopora verrucosa.
Ce poisson étant particulièrement sensible à la qualité de l'eau, inutile de tenter son introduction dans un aquarium chargé en matières organiques comme c'est le cas des bacs peuplés uniquement de poissons. L'eau doit être fortement brassée et saturée en oxygène. De plus, la richesse du décor d'un aquarium d'invertébrés le rassurera. C'est en effet un poisson très craintif qui se cache volontiers dès que vous approchez du bac. La cohabitation avec les poissons se déroule bien, sauf avec ses congénères. Comme toujours, les petites espèces de crevettes (Alpheus ou Periclimenes) sont facilement dévorées.
Très difficile à acclimater, Neocirrhites armatus n'acceptera au début que les proies vivantes.
L'agressivité ultra-spécifique exacerbée chez ce poisson ne facilite pas les tentatives d'introduction de couples ou de harems qui pourraient aboutir à la reproduction.

Cirrhitichthys aprinus
Cirrhitichthys aprinus est un des poison-faucons les plus courants dans le commerce avec Oxycirrhites typus. Il se montre robuste et simple à acclimater et convient donc tout à fait au débutant en aquariophilie marine.
C’est un poisson très courant des récifs de l'océan Indien. Il est aussi présent aux Maldives et dans l'Ouest du Pacifique, jusqu'en Indonésie. Il fréquente les récifs, de 5 à 40 mètres de profondeur. Les mâles s'octroient un territoire où sont tolérées quelques femelles, mais chaque poisson mène sa vie en solitaire, sans relation avec ses voisins en dehors de la période de reproduction. Cirrhitichthys aprinus est un poisson à la robe extrêmement variable. Deux ocelles situés derrière l'œil permettent de s'assurer de l'espèce.
Par mesure de sécurité, on n'introduira avec ce cirrhitidé que des poissons supérieurs à la moitié de sa taille.

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