Beaucoup de choses ont été dites sur cet oiseau et sur la façon de l'élever. Certains ont dit que les oiseaux étaient placés dès leur jeune âge dans des cages très basses pour leur donner la position que nous leur connaissons. Nous avons été souvent surpris de telles âneries dans les récrits ou les propos de personnes soit disant calées en ornithologie.

Ceux qui propagent de telles inepties feraient bien de venir se rendre compte des excellentes conditions dans lesquelles nos oiseaux sont élevés.

On a aussi dit que ces oiseaux étaient de piètres reproducteurs ou que cette race était réservée uniquement à une catégorie de spécialistes.
Dans tout cela, il y a bien peu de vérité. En fait, cette race n'est ni plus facile ni plus difficile que bien d'autres. Certes, il ne faut pas s'attendre à de grandes quantités de jeunes, cela n'est d'ailleurs pas le but. Sans être optimiste, nous pouvons compter trois à quatre jeunes par couple en deux couvées en moyenne à condition que les jeunes soient placés dans des conditions optimales.
Dans les lignes qui suivent je vous expose la façon dont j'élève mes Bossus Belges depuis 1961 et ceci avec un certain succès.
Comme pour tous les canaris, il est préférable d'orienter le local d'élevage vers le soleil levant.
Cette chambre d'élevage doit être exempte d'humidité qu'elle soit aménagée dans la maison d'habitation ou dans un local indépendant.
Sous nos latitudes, un chauffage est indispensable pour pouvoir maintenir une température minimale de 10°C (relevée à 18°C en période d'élevage).
Personnellement, j'ai opté pour un chauffage électrique équipé d'un thermostat qui permet de maintenir la température désirée.
En période de repos, les oiseaux sont logés dans des cages de vol de lm x 40cm x 40cm ne contenant pas de plus de 6 oiseaux. Après les périodes de concours, les mâles sont séparés des femelles. Les oiseaux peuvent regagner les cages de vol pour la préparation à l'élevage.
Inutile de vous dire que les cages doivent être d'unne propreté rigoureuse et que le bain est distribué très souvent.
Pendant la période de repos, j'évite de donner trop de lumière artificielle, ce n'est que vers le mois de février que j'allonge la période d'éclairage en prévision de l'élevage qui débute à la mi-mars.
Les couples sont assortis en tenant compte des données du livre d'élevage et de l'hérédité des parents.
La femelle prend place la première dans l'éleveuse, le mâle choisi la rejoindra lorsque les premiers signes de nidification se manifesteront.
Les éleveuses seront suffisammeni spacieuses, préférez des grandes aux trop petites, la longneur sera de 50 à 60 cm pour une hauteur et une largeur de 40 cm.

Le nid peut être rond en fil de fer ou en terre cuite ou carré comme ceux utilisés par les éleveurs anglais. Les matériaux de constmction du nid sont variés mais ma préférence va à la toile de jute effilochée mêlée à de la mousse végétale naturelle et à la charpie. La ponte et la couvaison se font de la façon propre à tous les canaris, l'éclosion se déroule le quatorzième jour.
Si la race n'est pas spécialement prolifique, il est rare de rencontrer des femelles qui ne soient pas de bonnes mères ; ceci est le résultat d'une nourriture parfaitement étudiée et d'une sélection sérieuse. Au moment du sevrage, les oisillons reçoivent le mélange cité ci-dessous et pour les aider à assimiler les graines, je leur offre le mélange légèrement moulu ainsi que pâtée, verdure, fruits, etc. Le pain au lait légèrement saupoudré de miel et d'oeillette est une friandise utile et appréciée.
Les oisillons lors de la sortie du nid, possèdent déjà toutes les caractéristiques de la race et les plus beaux sujets apparaissent déjà aux yeux de l'éleveur. Les jeunes sont placés en cage de vol afin de laisser se former avantageusement la musculature et l'ossature.
La mue survient assez rapidement après l'élevage et présente une période critique pour les jeunes comme pour les adultes même s'il s'agit d'un phénomène tout à fait naturel. Le renouvellement partiel du plumage chez les jeunes et total chez les adultes exige beaucoup d'énergie de la part de l'oiseau.
L'éleveur doit redoubler de soins et d'attention pour offrir à ses Bossus une nourriture équilibrée et variée. Pendant cette période de mue, j'accroche une cage d'exposition à la devanture avec laquelle ils pourront se familiariser.
Dès la fin de la mue, il sera indispensable de sélectionner vos oiseaux en vue de la prochaine séance d'élevage et d'exposition. Pour que cette sélection soit valable, il est indispensable que tous les jeunes oiseaux soient dressés en cage d'exposition afin de mieux observer les qualités et défauts de chacun.
Ce procédé est absolument obligatoire et l'éleveur doit s'en imprégner l'esprit. Le Bossu Belge doit passer en cage d'exposition pour montrer convenablement ses qualités.
J'espère que la méthode d'élevage que je viens de vous expliquer pourra vous satisfaire et encouragera les amateurs à se lancer dans notre race nationale. Produire un champion n'est pas facile et demande de la patience et beaucoup de travail mais quelle magnifique récompense au bout du chemin.

Exposer un Bossu belge
L'éleveur qui décide de participer aux concours, doit évidemment le faire en plaçant le maximum de chances de son côté. Le but avoué de chacun étant de gagner. La cage, à cet égard, a un rôle à jouer, elle contribue à placer l'oiseau dans les conditions les meilleures. Elle sera donc du modèle standard, "genre tunnel-type Yorkshire" à toit aplati, peinte en noir et blanc et munie de perchoirs ovales de diamètre en rapport avec la taille de l'oiseau. Une bonne couche de sable blanc garnira le fond.
L'ensemble est complété par un abreuvoir de grande dimension et le bac de graines garni à ras bord.
Dans le but de transporter les oiseaux vers le lieu d'exposition dans les meilleures conditions, on équipe chaque cage d'une housse de protection ou on peut confectionner des coffres pour placer deux à quatre cages. De même, des sacs sont disponibles dans le commerce pour transporter deux à quatre cages.
Les sujets d'exposition ne doivent jamais être pris en main, ils doivent prendre place eux-mêmes dans la cage d'exposition. L'éleveur doit connaître le numéro de bague de ses protégés.
A l'arrivée, vérifiez tout de même les conditions dans lesquelles vos oiseaux seront exposés, bon nombre de locaux n'étant pas dignes de recevoir une exposition d'oiseaux.
Ne laissez pas traîner vos bossus dans la voiture. Rentrez les, placez vos abreuvoirs, vérifiez une dernière fois les étiquettes avec les différentes dasses et enfin, confiez les aux organisateurs.
Pendant l'exposition, contrôlez vos oiseaux, vérifiez s'ils ne manquent de rien et éventuellement, distribuez leurs quelques friandises.
Bien souvent, le résultat ne correspondant pas toujours à vos espoirs. Dans un pareil cas, faites contre mauvaise fortune, bon coeur, et montrez-vous bon joueur. Essayez une autre exposition. Rentrez le plus rapidement lorsque vos oiseaux vous sont rendus, replacez les en cage de vol et donnez des bains.

Conseils aux organisateurs
Les organisateurs ont l'obligation de prendre soin des oiseaux qui leur sont confiés. En ce qui concerne les Bossus Belges, il est absolument nécessaire de les placer à une étagère supérieure et de préférence dans un endroit calme.
Evitez de les déplacer inutilement. Il est aussi indispensable de les faire juger en début de journée car plus tard, lassés des "va et vient" de la salle, ils ne désirent plus se placer en position "de travail", ce qui compromet leurs chances et qui est profondément injuste quand on songe un instant à la somme de patience qui les éleveurs déploient pour les présenter dans la condition optimale.
Les Bossus seront bien nourris et abreuvés et le tabagisme sera évité dans la salle.

Alimentation
Les femelles et les mâles reçoivent exactement les mêmes soins en commençant par un bon mélange de graines qui comprend pour un total de 50 kg :
* 30 kg de millet plat (Alpiste).
* 4 kg de chanvre.
* 4 kg de navette douce.
* 4 kg de lin.
* 4kg d'avoine perlée.
* 4kg de Niger.
Ce mélange est servi toute l'année. Vient ensuite la pâtée que vous pouvez acheter toute préparée. Personnellement, je préfère la préparer en utilisant de la chapelure, de la farine de germe de blé, de la cassonade et de la semoule de biscuit (Rusk) ou de la semoule de blé (couscous).
Une préparation pharmaceutique reprenant les vitamines, sels minéraux et oligo-éléments est ajoutée à l'ensemble.
Au mélange obtenu, j'ajoute de la carotte râpée, des graines germées et des oeufs cuits durs dont le nombre varie de 20 en période d'élevage à 6 en période de repos.
La pâtée est donnée journellement et toute l'année. Quotidiennement, mes oiseaux reçoivent de la verdure : choux, salade, chicorée, cresson, endive, mouron, concombre, courgette, etc., et des fruits : pommes et oranges.
Rincez toujours vos légumes et vos fruits s'ils viennent d'un marchand pour éliminer les traces d'agents conservateurs.
Pour certains éleveurs, ce régime peut paraître riche, mais le Bossu Belge est un oiseau qui n'accumule pratiquement pas de graisse contrairement à la plupart des races anglaises.