Koi

Vous êtes peut-être étonné de voir ce titre précisé par l'ajout « chez les poissons ». En effet, ces barbillons peuvent aussi être des appendices charnus chez certains gallinacés, placés en arrière du bec, sur le côté de la tête. Cela peut aussi être des replis de peau sous la langue des chevaux et des bovidés pour faciliter les mouvements de celle-ci.

Mais le mot barbillon, pour nous aquariophiles, est lié principalement au barbeau, poisson bien connu des rivières belges et françaises. Le jeune barbeau s'appelle d'ailleurs barbillon, encore un sens supplémentaire donné au terme.

L'endroit où se situent les barbillons, par rapport à la bouche de l'animal, peut varier comme le nombre de barbillons, selon l'espèce animale. Une première mise en garde si nous comparons rouget et grondin, le rouget possède deux appendices en-dessous de la bouche, certains Français les appellent « barbiches », alors que chez le grondin, ce sont des rayons des nageoires pectorales qui se sont transformés , servant à la fois d'organe déambulatoire et d'organe du toucher.

Particularités des barbillons
Ce sont en fait de simples excroissances de chair qui bien souvent sont des prolongements de la peau couvrant l'intérieur de la bouche du poisson, de type filiforme, et possédant les mêmes caractéristiques que celle-ci. Couvertes de papilles gustatives et d'organes réceptifs du toucher, ces barbillons possèdent les mêmes particularités que notre peau buccale humaine. Ils peuvent apprécier le sucré, le salé, le goût amer ou acide.
Il n'est pas nécessaire de dire que les terminaisons nerveuses sont très nombreuses sur toute la surface de ces barbillons.
Certains poissons peuvent ainsi détecter certains acides aminés dissous dans l'eau, provoquant une réaction d'attraction et d'excitation pour le poisson qui éprouvera le besoin de se nourrir. Les pêcheurs connaissent ces stimulants alimentaires avec lesquels ils peuvent enduire les leurres.
La structure biologique du barbillon paraît simple mais elle est complexe par la densité de cellules sensorielles dans un seul barbillon, plus de 8.000 pour une longueur d'un centimètre. Le schéma ci-dessus nous montre la répétition des cupules sensorielles, ensembles de cellules sensorielles agglutinées par une sorte de colle gélatineuse.
Chaque cellule est en contact avec le canal interne où circule occasionnellement l'eau du milieu extérieur. Pour épargner les centres nerveux de l'animal, des cils se situent au-dessus de ces cellules (non représentés sur le schéma) , ils s'agitent lorsque le courant d'eau circule dans le canal et leur mouvement déclenche l'excitation des cellules, et de leur efficacité maximale à cet instant.
La ligne latérale du poisson fonctionne de cette manière et l'on associe rapidement les deux phénomènes en pensant que les barbillons ne sont en réalité qu'un prolongement de cette ligne latérale qui longe les opercules et se prolonge jusque dans ces barbillons.

Les barbillons des Koïs
Les Koïs possèdent deux types de barbillons, des grands et ... des petits. Ce sont de vrais barbillons disposés sur les côtés de la bouche, pas de « barbiche ». Ils peuvent ratisser le fond de l'eau comme si la bouche était agrandie de la longueur du barbillon x 2. Les barbillons sont comme les dents du râteau qui, devant la bouche, trie les vers, les insectes occasionnels et quelques plantes affaiblies. Il faut prévenir les amateurs de Koïs que leur « tête foreuse » peut, dans votre bassin de jardin, forer par la force du corps, de la queue et des nageoires jusqu'à 12 cm de profondeur, et tout cela en remuant le substrat qui remet dans l'eau courante nitrites et nitrates. Cela n'est négatif que si votre bassin est trop petit (ou sa filtration biologique trop lente), sinon, on dira qu'ils participent à l'épuration du bassin.

Les barbillons des poissons chats
Le poisson-chat européen provient d'Amérique du Nord. Quelques spécimens échappés d'un aquarium public auraient étendu leur territoire à toute l'Europe dans les années 50. Ce type de poisson « Ictalurus melas » possède 3 paires de barbillons mais aussi une paire d'antennes sur le dessus de la bouche qui amène à 8 le nombre de barbillons signalés dans de nombreux livres. Il mesure jusqu'à 50 cm, son corps est de couleur verdâtre. Les premiers rayons des nageoires dorsale et pectorales sont transformés en aiguillons acérés et venimeux. Ils sont omnivores et classés comme « nuisibles » dans la plupart des écosystèmes.
Et à partir de cet animal, le nom de poisson-chat s'est étendu aux silures, on les a tous placés dans l'ordre des « siluriformes », corps cylindrique au plus gros diamètre vers l'avant.
Le silure est un poisson d'eau douce qui peut devenir très grand et peser jusqu'à 300 kg. Tête aplatie, 2 longs barbillons sur le dessus de la bouche (antennes) et 4 petits sur le côté, il s'attaque à tous les poissons et même aux petits mammifères (rats ...). Il est très nuisible, mais n'est pas un poisson-chat.
Par extension, on a aussi donné le nom de poisson-chat au Corydoras bien connu et très apprécié dans les aquariums exotiques d'ensemble. Lui aussi fait partie de l'ordre des siluriformes et si ce n'est pas un carnassier, il a tout de même la réputation d'être un détritivore, il se nourrit de viande animale ou végétale en décomposition. Il a donc un rôle épurateur très recherché dans l'écosystème plus ou moins renfermé de nos aquariums.
Sans cesse en action, le Corydoras remue le substrat de l'aquarium pour y retrouver un peu de nourriture délaissée ou perdue par les autres pensionnaires du bac. Les Corydoras sont des Callichtyidés originaires d'Amérique du Sud. Ce sont les poissons les mieux cuirassés de tous les siluriformes. La tête est très grosse, elle représente environ un tiers de la taille totale du poisson. La bouche est petite, entourée de 3 paires de barbillons, dont 2 sont assez longues, et orientées vers le sol. L'œil, en étant placé assez haut, permet au poisson de surveiller les environs pendant qu'il creuse le sol.

Les barbillons de quelques autres espèces de poissons

Les loches
Ce sont des poissons d'eau douce au corps allongé, avec la bouche munie de 3 paires de barbillons. La loche franche est la représentante européenne de cette famille, les Balitoridés, ex Cobitidés. Elle est nocturne et donc difficile à pêcher.
La loche clown, Chromobotia macracanthus, est un magnifique représentant des loches exotiques.
Le corps est allongé et aplati latéralement. Il peut mesurer jusqu'à 45 cm dans la nature. Il existe quelques autres variétés aux dimensions plus petites et colorations différentes, ex. le Botia striata.

Cabillaud
Quelques poissons marins comme la morue (cabillaud), le tacaud ... ont un seul barbillon situé sous le « menton », style « barbiche ». Il fonctionne comme une antenne qui indique le contact avec le sol tout en analysant son contenu. Lorsque le cabillaud est petit, il ressemble au merlan et, pour le non initié, seul le barbillon permet de les distinguer.

Les carpes
Ce sont les plus grands représentants de la famille des Cyprinidés, dans laquelle on retrouve aussi le barbeau, le goujon, la brème, le gardon, la tanche..., le Koï qui n'est rien d'autre qu'une variété de carpe et le poisson rouge.
On reconnaît le Koï à ses barbillons alors que le poisson rouge n'en possède pas. La bouche de la carpe est munie de 4 barbillons qu'elle utilise pour fouiller le sol à la recherche de nourriture.

Le goujon ne possède que deux très petits barbillons. Comme les loches, les goujons vivent en bancs, ils ont besoin de contacts rapprochés, phénomène expliqué ci-après, lié en partie aux barbillons.

Le thigmotactisme
Certaines cellules nerveuses sont réceptrices d'excitations qui leur parviennent du milieu extérieur. Ces cellules communiquent l'excitation à la moelle épinière du poisson et celle-ci provoque un réflexe chez l'animal, un tactisme.
Exemple : une réaction de recul suite à la sensation de chaleur inhabituelle localisée, c'est une réaction de thermotactisme. Le thigmotactisme est l'attrait du substrat par de nombreuses cellules sensitives du poisson. Vous voyez où je veux en venir ? Les poissons de fond possèdent plus que les autres ces types de cellules et on les retrouve en grandes quantités aussi sur leurs barbillons. La ligne latérale, centre nerveux principal des organes sensitifs en est pourvue d'un grand nombre également. Car l'attrait n'est pas uniquement marqué par le sol à tamiser. La meilleure explication se fait en prenant l'exemple d'un petit crustacé que tout le monde connaît bien, le cloporte. C'est un nocturne, il circule la nuit, donc, quand nous l'apercevons, il est dans sa phase de repos, accolé à d'autres, et accolé à la pierre ou au ciment dans de minuscules fissures d'un bâtiment. Besoin de se sentir au contact d'un ou plusieurs substrats sur presque la totalité de son corps, c'est du thigmotactisme.

Revenons à nos poissons, ce phénomène explique une série de réactions que nous estimons drôles ou du moins bizarres chez nos petits animaux aquatiques :
la vie en bancs de certaines espèces, la sensation de sécurité.
le Botia dort couché sur le flanc, parmi les autres de son groupe, on le croirait mort.
le besoin de cachettes pour la majorité des poissons et pour la reproduction de certains.
les nageoires pelviennes se sont allongées chez le scalaire, le Colisa lalia et d'autres ... par besoin de contact avec un substrat solide l

Bibliographie
« Comprendre la mer pour mieux pêcher » par Gilles Bernard - Éditions Ouest France
« Biologie » Arms et Camp Éditions Universitaires 75006 Paris
www.dst-plongee.be/clubinfos/poissondeaudouce
www.aquaportail.com
http://lambert35.free.fr
http://m.futura-sciences.com
www.aquajardin.net
www.encyclopeche.com/ED-poisson-chat.htm
www.ivanov.ch/aquamag/corydoras.htm
www.aquariophilie.dafun.com
www.infestation.ca/insectes/cloportes.html
www.mediatico.com/dictionnaire
http://fr.wikipedia.org/wiki/barbillon


Michel Fraiture - Interclubs d'Aquariophilie et d'Ichtyologie Francophone de Belgique (ICAIF)
Extrait de "La lettre de ProNaturA" - décembre 2015


 

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